2024 – Fête du livre en Bretagne à Carhaix
Le Festival du Livre en Bretagne s’est tenu les 26 et 27 octobre 2024, avec un thème cette année consacré à la jeunesse, apportant une belle occasion de présenter la dernière publication de Skoliuz : une histoire dédiée aux dornégans, petites créatures oubliées de l’imaginaire breton. Les dornégans, apparentés aux korrigans, sont des tout petits êtres vivants dans le pays de Locminé et ayant la particularité d’être des korrigans musiciens.
Ce récit remonte à un projet pédagogique mené en 1999 par Dolores Boulben, enseignante en maternelle, qui avait emmené ses élèves découvrir le Mané Gwenn, site sacré de Guénin. Ce lieu recèle un dolmen, la Pierre du sacrifice, situé près d’une chapelle, et traversé par un chemin de lande. Inspiré par la présence des dornégans, chaque élève avait rapporté des éléments de la nature – bout de bois, fougère, feuilles de châtaignier – qui servirent de base à un récit imaginatif, décrivant la vie des dornégans comme dans un journal écrit par un ethnologue. Ce projet intégra aussi une dimension artistique avec des illustrations créées à partir des éléments naturels recueillis.
Ce projet de classe était aussi inscrit dans une dynamique pour proposer un nom à l’école : après des recherches à la bibliothèque par l’enseignante et ses élèves, ainsi qu’à partir des échanges avec les parents et locuteurs du Pays de Locminé, est apparue la redécouverte d’un korrigan oublié, le Dornégan, inspirant ainsi le nom de l’École Publique “Le Dornégan” à Remungol. George Belz, spécialiste du breton et lui-même originaire de Remungol, souligna que la prononciation locale de son nom était : /dornidjan/, d’où le titre du livre “war roudoù an dorniganed”, sur les traces des dornégans.
Lors du festival, le livre récemment imprimé chez Ouestelio a été exposé au stand de l’Institut Culturel de Bretagne, où régnaient la convivialité et la bonne humeur grâce à la présence de Catherine Latour, Hélène Danielo et Jean-Claude Le Ruyet – autre grand spécialiste du breton qui pris le temps de relire le texte en insufflant parfois un rythme et une fluidité dans les enjambements des phrases.
Cette aventure ne s’arrête pas là : une traduction en arabe est actuellement en cours, sous la direction de Lahoucine El Adouzi, professeur d’arabe et traducteur. Ce projet de traduction soulève des défis linguistiques fascinants, tels que la transposition des termes bretons spécifiques comme « dolmen », « korrigan » ou « dornégan » en arabe, ainsi que la description de la lande bretonne, paysage dense et coloré, en des mots issus d’une langue habituellement liée à des paysages arides, désertiques, sans végétation. La langue arabe, d’une richesse et d’une subtilité sans égale ne peut que se régaler de chercher le mot juste pour décrire l’univers des légendes bretonnes.
Les dornégans, à travers cette petite histoire, ont ainsi offert des moments de joie et d’enrichissement, touchant enfants, parents, enseignants et linguistes, et continuent de faire vivre l’imaginaire de la culture bretonne vers de nouvelles contrées.